Quel est votre parcours ?

Je n’ai pas toujours fait de l’architecture d’intérieur. À la sortie de l’école obligatoire, je me suis orientée dans une formation commerciale et j’ai travaillé pendant presque 10 ans dans un groupe de presse suisse. J’aimais le job mais pas vraiment le métier, j’ai donc décidé d’entreprendre un virage : direction l’architecture d’intérieur qui m’avait toujours attirée ! J’ai eu la chance d’obtenir une bourse qui m’a permis de reprendre mes études à plein temps pendant 5 ans. En 2012, diplômée de la HEAD de Genève, j’ai fait ma première expérience professionnelle lors d’un stage d’une année dans un bureau d’architectes lausannois. Quelques années d’expériences plus tard, j’ai décidé de créer mon bureau à Lausanne : www.estelle-heusch.ch

Comment définiriez-vous votre rôle auprès de vos étudiants ?

C’est un rôle aux multiples casquettes. Je suis là pour transmettre les bases du métier à mes étudiants mais aussi, plus concrètement, pour les amener jusqu’au travail final de diplôme. J’essaie de donner un maximum d’exemples pour concrétiser l’apprentissage, tout en les encourageant à observer au quotidien, car l’inspiration se trouve aussi dans ce qui nous entoure.

 

Que vous apporte votre rôle de formateur au sein de design et formations ?

Au fil des semaines, constater l’évolution des étudiants est une belle récompense qui me motive jour après jour. Le contact humain est aussi très important à mes yeux et malgré la distance physique, on arrive à créer des liens avec les étudiants.

 

Quelles qualités sont essentielles pour exercer le métier de designer d’intérieur ?

L’écoute sans nul doute ! On conçoit des lieux pour des gens avant tout, être à l’écoute de nos clients est donc indispensable pour pouvoir concevoir des espaces qui soient le reflet de leurs besoins. La sensibilité est aussi essentielle : pour choisir des matériaux, créer des ambiances, ressentir la lumière, ce sont nos outils pour créer des projets uniques. L’observation et la curiosité sont aussi primordiales, car comme je le disais plus haut, tout ce qui nous entoure, de la petite à la grande échelle, nourrit nos inspirations. Il faut également développer sa vision en 3D afin d’être capable de se projeter dans l’espace. Enfin, il est important de faire preuve d’organisation lorsque l’on se lance dans la partie chantier.

 

Quelle expérience liée à votre métier de designer vous a laissé un souvenir mémorable ?

Sûrement le premier projet auquel j’ai collaboré et que j’ai vu se réaliser. C’est un aboutissement marquant de découvrir la réalisation d’un espace, car pendant les études on travaille beaucoup la partie projet mais on ne concrétise que rarement ses idées. Ce premier projet était un bâtiment scolaire que nous avions pensé en équipe, un concept de matérialisation fort, basé sur la lumière. Les salles de classe étaient articulées autour d’un immense atrium central baigné de lumière. Partant du concept de la lumière, nous avons recréé le spectre lumineux sur les garde-corps en verre de l’escalier central, sur trois niveaux. Vu d’en bas, c’était comme admirer un arc-en-ciel et pouvoir le toucher en plus  !

 

Pouvez-vous nous montrer une de vos commandes client ou un travail personnel et le commenter en quelques lignes ?

Pour commencer, il faut savoir que j’aime le détail, j’aime les rangements, j’aime (d’amour) dessiner des menuiseries et des agencements sur-mesure pour mes clients. C’est un super terrain de jeu car il est possible de composer à l’infini et de personnaliser en fonction des besoins de chacun. On part d’une caisse blanche puis on vient l’habiller avec des poignées, on peut apporter de la couleur avec les faces, jouer avec des systèmes d’assemblage, rythmer avec les pleins et les vides ou bien encore les rendre ingénieux en dissimulant des appareils disgracieux. Ce n’est pas une systématique dans les projets mais j’adorerais que cela le devienne.

Ici, il s’agit d’agencement pour un appartement en PPE, c’est un logement neuf et assez standard. Les menuiseries ont donc été essentielles pour personnaliser l’espace blanc tout en apportant des rangements fonctionnels. Sur ce projet, la demande était de dessiner des rangements dans le hall, le séjour et la chambre à coucher. Trois espaces, trois ambiances, mais dans un même appartement. J’ai donc décidé de créer un fil conducteur en liant le tout par la matérialité et les détails. On retrouve donc la même essence de bois partout, du multipli bouleau avec la tranche apparente, assemblé à l’onglet. Mais aussi des poignées perforées pour ne pas surcharger de matériaux supplémentaires tout en donnant du caractère à l’ensemble.

Selon vous, quels sont les facteurs de réussite pour un étudiant qui entreprend une formation à distance ?

Comme pour le sport : la ré-gu-la-ri-té est fondamentale et je le dis souvent aux étudiants, pourtant je ne suis pas sportive ! Plus sérieusement, en fonction de son propre rythme de vie et de ses objectifs personnels, il faut se fixer des plages horaires et s’assurer d’être régulier dans son travail, pour ne pas perdre le fil. Pour se donner l’envie d’être régulier, il faut aussi une bonne dose de plaisir, donc je pense qu’il est tout aussi important de ne pas oublier que c’est un métier créatif dans lequel on doit pouvoir s’exprimer tout en s’amusant.

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