Quel est votre parcours ?

Adolescent, j’avais un rêve, celui de devenir architecte, rêve que je n’ai pas poursuivi immédiatement. J’ai commencé par travailler en tant que secrétaire d’avocat durant une dizaine d’années, mais ce métier, certes très formateur, manquait cruellement de créativité. J’ai alors décidé de renouer avec mes premières envies et mon attirance pour les matériaux, les atmosphères et les espaces en prenant des cours du soir sur 2 ans en architecture d’intérieur.

En 2008, j’ai quitté mon emploi de secrétaire et j’ai débuté un stage en architecture d’intérieur, dans un bureau d’architecture. J’ai ainsi pu mettre en pratique mes acquis durant la formation en cours du soir. Cependant, j’avais l’envie d’obtenir un diplôme plus complet. En 2009, je me suis donc inscrit auprès de la Haute Ecole d’Art et Design de Genève (HEAD). Pour pouvoir entrer dans cette école, il est nécessaire de passer un concours à l’issue duquel seuls 25 candidats sont retenus. J’ai eu la chance d’en faire partie. De 2009 à 2012, j’ai suivi les cours à plein temps et j’ai obtenu en 2012 un Bachelor en Architecture d’intérieur.

J’ai ensuite travaillé pour le bureau CCHE LAUSANNE SA jusqu’en 2019, en qualité d’architecte d’intérieur, sur des projets divers : des écoles, un auditorium, un centre de congrès, de l’administratif et du commercial, sans oublier de l’habitat. J’ai ensuite rejoint le bureau PONT12 Architectes SA pour oeuvrer sur le projet du Théâtre de Carouge à Genève, en qualité d’architecte d’intérieur chargé du choix des matériaux, mais surtout de la coordination technique et scénographie des trois salles de spectacles. J’ai récemment rejoint à nouveau le bureau CCHE LAUSANNE SA, cette fois-ci en qualité d’architecte d’intérieur senior.

Comment définiriez-vous votre rôle auprès de vos étudiants ?

Mon rôle ne se limite pas à l’évaluation des travaux, j’aspire à soutenir et enrichir mes étudiants, en leur apportant mon expérience professionnelle et ma vision du métier. Mon but premier est de mettre en avant la personnalité de l’étudiant au travers de ses projets, tout en l’encadrant. Je privilégie des critiques constructives lors de l’évaluation, en communiquant des astuces et conseils.

 

Que vous apporte votre rôle de formateur au sein de design et formations ?

C’est un enrichissement quotidien. Je découvre tous les jours des personnalités très diverses, touchantes et sensibles. Les retours positifs de mes étudiants suite aux évaluations sont extrêmement gratifiants, car je sais que le but a été atteint et que mon travail apporte les éléments nécessaires aux étudiants pour progresser.

Quelles qualités sont essentielles pour exercer le métier de designer d’intérieur ?
La qualité principale est l’écoute, il faut savoir écouter et comprendre le client. La sensibilité est également un sérieux atout. L’investissement personnel et émotionnel dans un projet permet de créer des concepts forts et innovants. Et sans oublier bien sûr, la curiosité ! Il faut s’intéresser aux choses, aux détails. Dans la rue, il ne faut pas que regarder devant soi, mais prendre le temps de lever les yeux au ciel et de regarder tout autour de soi. L’observation, la curiosité et la sensibilité sont pour moi des qualités primordiales pour exercer ce métier.

Quelle expérience liée à votre métier de designer vous a laissé un souvenir mémorable ?
C’était lors de mon premier projet en tant qu’architecte d’intérieur, destiné à une école. Celle-ci allait ouvrir ses portes pour la première fois et accueillir parents et élèves, il s’agissait dès lors de faire bonne impression d’entrée. Je me suis rendu sur le site à l’aube, afin de vérifier avant l’ouverture que tout était en ordre. Et malheureusement, j’ai découvert qu’il n’y avait aucune ampoule incluse dans les luminaires du bâtiment ! J’ai alors interpellé l’entreprise d’électricité qui a envoyé un employé acheter des ampoules sans autres indications. Quelques heures plus tard, après avoir fait le tour du bâtiment, je constate que toutes ces nouvelles ampoules sont inadaptées, diffusant une lumière bleue, froide et surtout qu’elles étaient trop grandes et dépassaient des luminaires. C’était horrible !
J’ai donc dû courir dans un magasin spécialisé pour acquérir d’autres ampoules, que j’ai fini par installer moi-même. Il était midi passé, les parents et leur enfants commençaient à affluer dans le bâtiment. Parmi cette foule qui commençait à grandir, je courais dans tous les sens, une échelle sous le bras, pour terminer l’installation. J’ai vécu un moment de stress intense, mais le résultat était à la hauteur de mes espérances. D’une situation stressante, j’en retiens finalement un moment drôle. Je peux vous assurer que plus jamais je n’ai oublié de prévoir les sources lumineuses pour les luminaires que je fais poser dans mes projets.

 

Pouvez-vous nous montrer une de vos commandes client ou un travail personnel et le commenter en quelques lignes ?

Je vous présente un projet personnel qui a été une aventure extraordinaire dans mon parcours. Il y a quelques années, avec un ami, nous avons décidé de créer un « Escape Game », jeu d’évasion grandeur nature. Notre idée était de créer un « Hôtel » disposant de chambres très spéciales, chacune d’elle bénéficiait d’un scénario unique et d’une ambiance particulière. Nous avons choisi des codes très précis, presque iconiques pour créer une atmosphère digne d’un hôtel de film d’horreur, en y incluant l’ambiance lumineuse et sonore. Ainsi, nous recevions les joueurs dans un cadre qui les projetait déjà dans un décor immersif. Les joueurs devaient réussir à sortir de la chambre en résolvant des énigmes, le tout dans un temps limité à soixante minutes. Nous avons créé le concept et les scénarios, inventé des énigmes et construit l’entier des espaces.

Croquis, mise en couleur des planches et image du chantier « avant » ©Serge Stettler

Les visuels ci-dessous présentent l’une des deux chambres que nous avions créées, la Chambre 34° : Le Mystère de l’Artika. Elle place le joueur au coeur d’une histoire qui se déroule sur un navire dans les années 70. L’idée était donc de permettre aux joueurs de voyager à travers le temps et d’être propulsés sur ce navire qui était sur le point de sombrer dans les eaux profondes du Pôle Nord. Nous avons donc imaginé le décor et usé d’effets spéciaux pour que l’atmosphère puisse évoluer avec le scénario afin que le décor soit en mouvement perpétuel, selon l’avancement dans le jeu. Cette aventure a été très formatrice d’un point de vue design, car elle m’a permis de développer un sens aigu du détail et surtout, la recherche historique pour que les décors collent totalement avec l’époque dans laquelle ils s’inscrivaient.

Détails de la chambre N°34 aménagée ©Serge Stettler

Selon vous, quels sont les facteurs de réussite pour un étudiant qui entreprend une formation à distance ?

La régularité dans la réalisation des travaux de la formation et l’organisation des tâches sont des facteurs importants. Il convient aussi de se fixer des plages horaires fixes chaque semaine pour étudier et des délais dans le rendu des projets. La mise en place d’un planning de travail ou d’un rétro-planning permet de visualiser l’avancement dans la formation. Et surtout ne jamais oublier que toute personne a droit à des vacances, qui sont nécessaires pour se ressourcer, surtout dans un domaine comme le design d’intérieur, qui demande de la créativité. Et n’oubliez pas que le formateur est là pour vous aider !

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