Quel est votre parcours ?

Mon intérêt pour l’architecture commence dès mon enfance. Lors de ma scolarité obligatoire, j’avais souvent le regard orienté à l’extérieur par la fenêtre de la classe, pour observer une façade ou un chantier en cours, j’ai donc commencé les études dans ce domaine très tôt, à partir de 16 ans, car j’avais déjà la certitude d’évoluer dans cet art. Après avoir reçu mon brevet d’études professionnelles en techniques de l’architecture et de l’habitat et suivi une formation en économie de la construction, j’ai été admis à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg afin d’obtenir ma licence en architecture. En plus de mes études dans ce domaine, j’ai intégré en formation continue, le Département d’histoire générale de l’Université de Genève, dans le but de découvrir et valoriser le patrimoine artistique et historique de la région. Après mes études, j’ai pratiqué l’architecture et l’urbanisme à Locarno, auprès des architectes de l’école tessinoise. Par la suite, j’ai travaillé comme chef de projet pour une entreprise genevoise, active dans le domaine du mobilier et du design d’intérieur, avant d’être engagé en tant que consultant et chef de projet pour des institutions spécialisées des Nations Unies, comme l’OIT ou l’OMPI, en collaboration avec une agence vaudoise. Aujourd’hui, j’enseigne et je suis chef de l’entreprise Ozdemir Architecture.

Comment définiriez-vous votre rôle auprès de vos étudiants ?

Mon rôle est d’accompagner les étudiants du début à la fin de la formation, afin de faire progresser leur connaissance et leurs compétences. A chaque exercice et projet, lors des corrections, j’essaie de comprendre les capacités et les difficultés des étudiants, pour trouver les outils qui leur permettront d’exprimer leurs idées et les mettre en œuvre. Je n’oublie pas de transmettre aussi la conscience que c’est un art majeur, qui agira dans la vie de tous les jours des futurs utilisateurs de l’espace conçu.

 

Que vous apporte votre rôle de formateur au sein de design et formations ?

C’est un grand plaisir de partager ma passion avec des étudiants. Les voir évoluer est une récompense qui s’est installée dans mon quotidien. De plus, dans ce domaine, on ne finit jamais d’apprendre. Les recherches que j’effectue pour l’enseignement perfectionnent chaque jour mes propres connaissances.

 

Quelles qualités sont essentielles pour exercer le métier de designer d’intérieur ?

Avoir une grande sensibilité pour ce qui nous entoure, commencer par observer et analyser notre propre habitation, regarder l’extérieur par nos fenêtres, lever la tête dans la rue… Chaque observation et analyse peut être une leçon pour un prochain projet. Il faut aussi essayer de comprendre le corps humain et ses besoins ainsi que ceux de la faune et la flore, car notre travail devra améliorer la vie de l’homme tout en respectant la nature. Dans la pratique du métier, il faut savoir garder son sang froid, être capable de prendre des décisions rapidement sans perdre le fil, anticiper les problèmes liés à un chantier, un peu comme un chef d’orchestre. C’est d’ailleurs un métier que j’aurais choisi, si je n’étais pas entré dans ce domaine.

 

Quelle expérience liée à votre métier de designer vous a laissé un souvenir mémorable ?

C’est un métier qui nous offre beaucoup de souvenirs mémorables, qu’ils soient positifs ou négatifs. Mais je peux vous raconter un moment inoubliable, que j’ai vécu lors du projet d’étude d’un campus scolaire. Lors de la présentation du projet aux autorités, je me souviens du planning des travaux de l’ensemble des bâtiments ainsi que l’évolution de ceux-ci. La date finale affichée à la fin de la frise chronologique dépassait l’espérance de vie de l’ensemble des participants, mais nous étions tous investis et soucieux de l’évolution des travaux sachant qu’aucun d’entre nous, ne verrait jamais le projet abouti. C’est là où j’ai vraiment senti que la majorité de nos projets et décisions agiront sur la vie de nos contemporains mais aussi sur les générations suivantes. Cela augmente nos responsabilités, car nous devons avoir une vision sur le long terme, même si certaines de nos œuvres seront détruites ou deviendront des ruines.

 

Pouvez-vous nous montrer une de vos commandes client ou un travail personnel et le commenter en quelques lignes ?

Je vais vous présenter un projet de réaménagement d’un hall d’entrée pour un immeuble de bureaux. A chaque projet de transformation, dans le respect du patrimoine, j’essaie de ne pas recopier l’existant, mais plutôt de le comprendre avant de définir l’intervention. Cette opération pourrait être même antinomique, car le contraste valoriserait l’existant et confirmerait l’intervention contemporaine. Dans cette rénovation d’une partie d’un immeuble construit dans la polychromie des années 80, j’ai appliqué seulement des couleurs neutres, comme le blanc et le gris clair pour le sol. Ce nouveau voisinage a permis de faire resurgir les matériaux et les couleurs utilisées à l’origine. De plus, le blanc agrandit l’espace et compense le manque de lumière.

Voici une citation de Pierre Bonnard, qui exprime bien ce projet « Le voisinage du blanc rend lumineuses les taches très colorées ». Dans ce projet, l’ensemble des objets nécessaires a été rassemblé dans un seul meuble, qui fait office de boîte aux lettres, rangement pour extincteur, niche à décor ou, même, d’une invisible poubelle à papier.

 

Selon vous, quels sont les facteurs de réussite pour un étudiant qui entreprend une formation à distance ?

La passion et l’organisation sont, selon moi, les facteurs de réussite pour cette formation. L’avantage de la formation c’est qu’elle permet à l’étudiant de travailler à son rythme, mais il ne faut pas perdre de vue la régularité dans le travail. Il faut apprendre à essayer, recommencer le dessin et reprendre l’idée du début, sachant que la pratique permettra d’être plus à l’aise, lors de futurs projets.

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