Interview de notre étudiante Fadia, qui a remporté notre concours lors des JEP !

Vous avez remporté notre concours lors des Journées Européennes du Patrimoine avec le visuel que vous avez créé sur le thème du « temps libre ». Comment est venue l’inspiration pour ce projet ? Pouvez-vous nous décrire votre démarche sur la conception de ce visuel ?
Pour ce projet, j’ai voulu expérimenter tout d’abord la flânerie en observant autour de moi sans but précis. Pour moi, la flânerie c’est aussi laisser son imagination transformer la réalité. Notre imagination dépend de notre vécu et de nos expériences de vie. C’est en contemplant les paysages autour de nous que nous laissons courir notre imagination pour voir le monde de la manière dont nous le souhaitons. Nous visualisons les choses différemment les uns des autres, car c’est tout simplement notre inconscient que nous projetons. Mon processus commence par la marche où je vais collectionner des images banales dont je vais illustrer puis modifier les couleurs en les superposant. C’est en me promenant tranquillement au bord du lac Léman, sous le soleil, réfugiée dans mon imagination, que j’ai pu observer un garçon qui contemplait les bateaux. Je me suis imaginé ce qu’il regardait et surtout ce qu’il pouvait ressentir à cet instant précis. Le but de mon visuel était de créer une illustration imaginaire, de montrer aux spectateurs l’effet de l’illusion, la complexité de nos souvenirs qui altèrent notre perception des choses, de montrer la complexité de notre cerveau. Le garçon prend différentes couleurs de peau puisqu’il représente tous les êtres humains de la planète, ainsi les couleurs LGBT sont présentes dans mon projet. Les habits sont blancs car ils n’ont pas réellement d’importance et ne définissent pas qui nous sommes. Le projet se résume sur cette citation ”Je rêve le monde donc le monde est comme je le rêve”.Voici quelques réalisations que j’ai faites avant d’arriver à la version finale.

Ci-dessus, différentes versions testées par Fadia, avant de parvenir à son visuel définitif

Le visuel final pour le concours « Temps Libre », Fadia a décroché le 1er prix !

J’ai été inspirée pour ce projet par mon expérience de vie, qui m’a appris à percevoir les images à travers mon imagination. Pendant mon enfance, j’ai vécu au Liban en plein milieu de la guerre civile qui a détruit le pays pendant quinze ans. C’était si effrayant, il y avait des cris, des armes, des aboiements de chiens enragés, des immeubles vides hantés et le bruit des bombardements. Une ville envahie par les chars militaires qui circulent dans les rues désertes. Je dormais avec ma famille sur un seul matelas entre les murs du couloir de l’appartement, sans électricité, dans le noir absolu de l’inconnu, avec le son brutal des bombes et de temps en temps le silence de la mort. Le seul moyen de passer le temps était de dessiner. Au début, mes dessins étaient un moyen d’exorciser ma peur pour échapper à cette situation effrayante, mais rapidement j’ai compris que j’avais un pouvoir magique, je pouvais transformer ma réalité à travers mon imagination. Je fermais les yeux et j’imaginais les couleurs des feuilles, des arbres et de la mer. Par la suite, j’ai remarqué que même si je me trouvais à Genève, je voyais les choses au travers de mon propre vécu. La mouette jaune de Genève pouvait à tout moment se transformer en un avion de guerre et le son des feux d’artifices pouvaient aussi me ramener au passé où le son des obus faisait trembler tout mon corps. L’imagination a un pouvoir qui peut nous détacher de la réalité. Je me suis aussi inspirée du photographe Joan Fontcuberta qui utilise les montages photographiques pour créer des illusions.

Revenons un peu en arrière ! Quel était votre parcours initial avant votre inscription chez design et formations ?
Je suis née au Liban à Beyrouth sous les bombardements de la guerre civile. Imaginez combien c’est difficile pour un enfant de rester 90% du temps cloîtré entre quatre murs et le reste du temps dans la cave de l’école. Malgré ces évènements et ce parcours semé d’embûches, j’ai grandi dans une famille très chaleureuse et je partageais ma passion pour l’art avec mon père. Je passais la plupart de mon temps à dessiner et j’adorais mes crayons et mes feuilles. Je possédais un livre sur Léonard De Vinci et j’étais fascinée par sa vie et la manière dont il s’intéressait à l’humain, à la science et au dessin industriel. C’est à travers les pages de cet ouvrage que j’ai développé ma passion pour l’art. Pendant ma scolarité, j’ai remporté plusieurs prix lors de ma participation aux concours de dessin Fabriano, organisés chaque année, et un prix lors de mon concours à l’exposition internationale de Lidice. Ensuite, je me suis mariée et me suis installée à Genève en 1999 où j’ai appris à manipuler les logiciels Adobe pour réaliser des projets personnels.

Pourquoi avez-vous décidé de suivre une formation à distance en Design Graphique dans notre école ?
Suivre des cours en présentiel était impossible pour moi puisque je m’occupais de mes trois enfants. Après mon divorce, j’ai voulu relever un nouveau défi et me suis inscrite en filière Design Graphique dans votre école, car elle offrait tous les cours et workshops sur des sujets que je voulais tant maîtriser. L’école m’offrait ainsi un parcours de formation idéal, sans devoir renoncer à l’éducation de mes fils.

Pouvez-vous nous montrer quelques images d’une réalisation pour l’un des projets du classeur et les commenter  ?
C’est difficile de choisir car tous les projets étaient intéressants. Mais si je dois en mettre un en avant, alors je vous présente le dernier projet du deuxième classeur. Celui-ci m’a permis d’expérimenter tous mes acquis pour réaliser une identité visuelle pour une marque de vêtement d’hiver, nommée Rosablanche. C’était un vrai défi pour moi, car il fallait que je canalise mes idées d’artiste pour bien comprendre le brief et réaliser une identité visuelle qui corresponde à l’attente du client. Voici quelques exemples du projet.

 

Comment se déroule votre formation, de quelle façon organisez-vous votre travail à distance ?
J’adore la façon dont les cours sont présentés : les classeurs pour les supports de cours d’un côté, et la plateforme qui permet de se connecter à son formateur ou aux autres étudiants. Je commence toujours par apprendre la partie théorique dans les classeurs mais j’ai besoin d’aller expérimenter ensuite mes acquis dans la vraie vie. Je cherche à m’inspirer en visitant les galeries d’art, les musées ou simplement en observant la nature, la vie autour de moi. Design et formations me convient parfaitement car l’école me permet d’avoir ce temps de réflexion dont j’ai besoin et elle stimule aussi ma créativité. Je ne fais jamais les devoirs rapidement, au contraire, j’aime prendre mon temps car je veux réaliser un visuel original, qui communique une émotion, qui a un impact. Souvent je réalise des projets personnels en rapport avec ce que j’apprends dans le cours afin de mieux maîtriser le sujet.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette formation et que vous apporte-t’elle ?
Le graphisme est une véritable passion pour moi, alors l’école est devenue mon monde, ma communauté. Elle m’apporte de l’énergie, une nouvelle vie dans laquelle je me sens intégrée, appréciée et prête à aller de l’avant. Les formateurs sont très à l’écoute et nous accompagnent dans cet apprentissage. L’école organise plusieurs évènements pour que les étudiants se rencontrent, des workshops pour approfondir leurs techniques et des concours pour se dépasser ! Il y a des étudiants qui viennent de toute la Suisse et c’est très intéressant de partager nos idées, c’est une vraie richesse. Ce que j’aime le plus c’est que, bien que j’apprenne à distance, il y a une relation humaine avec le formateur, je ne me sens pas seule face à mon ordinateur. La technologie dans ce contexte d’apprentissage est une opportunité et cette école le maîtrise avec excellence, elle arrive à instaurer un lien avec les étudiants.

Après cette formation, quels types de projets envisagez-vous dans le design graphique ?
J’aimerais dans un premier temps travailler dans une agence de communication pour gagner en expérience professionnelle. Je souhaite surtout utiliser ma créativité pour concevoir des graphismes attrayants pour des identités visuelles (print, illustration, web design). Des projets qui auraient un impact positif pour inspirer les autres, défendre des causes et surtout dans le respect de l’environnement. Je suis aussi très intéressée par la conception textile et les motifs dont je souhaite approfondir mes connaissances prochainement. De même, j’ai un intérêt pour la nutrition, un autre domaine dans lequel je me forme les week-ends à Genève. Je pense fusionner mes deux formations au travers d’un projet : pourquoi pas me spécialiser en tant que designer, vers une clientèle de coachs en santé et nutrition, pour les aider à concevoir leurs identités de marque, logos, sites Web ? Il y a aussi le graphisme écologique qui m’intéresse ! Plusieurs possibilités s’offrent à moi après ma formation en graphisme. Je pourrais vous en citer un tas !

Un projet personnel de graphisme textile, imaginé par Fadia

Un mot pour les futurs élèves qui hésiteraient à se lancer dans notre formation à distance en Design Graphique ?
Parfois, on craint de se lancer dans une formation à distance car on imagine que c’est difficile d’être autonome, qu’on va se sentir seuls et décrocher. Mais cette formation est très complète, elle offre tout ce dont un designer a besoin pour démarrer sa carrière, notamment un accompagnement personnalisé et des workshops. Cependant, j’encourage les futurs étudiants à avoir une curiosité insatiable, un engagement de tous les jours dans les projets des classeurs, une volonté et une motivation d’aller découvrir le monde en même temps que la formation. J’aimerais rajouter que la Fadia que vous rencontrez aujourd’hui n’est pas la Fadia que vous auriez rencontrée il y a trois ans, avant la formation. Je suis désormais une personne totalement différente, qui auparavant, ne croyait pas à sa créativité. A travers ma formation, j’ai trouvé ma voie. Et je pense que cela n’aurait pas pu arriver sans le soutien de la communauté d’étudiants et formateurs de l’école. Le soutien que Design et formations vous offre, permet d’avoir le courage de faire des choses audacieuses et de s’épanouir dans un métier qui vous passionne.