Typo inclusive : nos formateurs s’expriment sur celle créée par un étudiant Genevois !

Tristan Bartolini, étudiant à la HEAD, cherchait un thème pour son travail de diplôme qui soit “au service d’une cause, en accord avec mes engagements et convictions”. L’idée d’une typographie non genrée a rapidement germé dans son esprit. Ce débat devient en effet de plus en plus présent et s’invite fréquemment dans les documents administratifs ou les publicités. “Je me suis dit que ce n’était pas qu’une affaire de linguistes, que l’on pouvait amener des solutions graphiques”. Tristan a donc créé plus de 40 caractères typographiques pour cette police inclusive, en lovant deux ou plusieurs lettres, il enlace par exemple le E et le A de Le et La ou le P et le M de Père et Mère. Ce travail lui a d’ailleurs fait remporter le Prix Art Humanité 2020 de la Croix-Rouge.

 
 
 
Extrait du diplôme de Tristan Bartolini
Le «il» et le «elle» sont fondus, tout comme les terminaisons genrées :

Nous avons demandé leurs avis sur cette typographie à nos formateurs en design graphique et visiblement, les opinions divergent : “Personnellement, je trouve le concept hyper cool. J’aime aussi le fait qu’on puisse mettre en avant le lien entre le design graphique et les convictions du designer. Après, je trouve que visuellement, le masculin domine toujours non ?”Matias Jolliet.

Quant à Noémie Oulevay, elle pointe du doigt certaines faiblesses : “Je suis plutôt critique sur le résultat car je trouve qu’on peine à la fois à la lire et à la prononcer. Il y avait des moyens graphiques bien plus simples pour mixer les glyphes marquant le féminin et le masculin. L’intérêt d’un tel projet reste de soulever cette marque infamante que le patriarcat a laissé sur nos usages de langue, et je trouve génial de tenter d’y apporter une réponse graphique, mais celle-ci me paraît très peu adaptée. Cela reste pour moi plus du domaine de l’art, dans ce qu’il a d’expérimental, que des arts appliqués.”

Enfin, Stanislas Natsios rejoint l’avis de Matias : “Moi aussi je trouve cette idée cool. Si on extrait l’élément lui-même on pourrait penser à un style de hiéroglyphes. Après, pour le côté masculin, je suis du même avis que Matias, il reste dominant. Si elle avait été créée par une femme, est-ce que ça serait le contraire?”. Le débat reste ouvert et on n’a pas fini d’entendre parler de ces nouvelles typographies, censées gommer la notion de genre ou du moins rendre possible une équité de traitement afin que chacun(e) se reconnaisse dans les messages écrits ou oraux.